Membre du Conseil de surveillance de la Fondation de l’Ecologie Politique
Président de l’Institut Momentum
Membre d’honneur de Démographie Responsable
Membre du Comité d’honneur de l’ADMD
Ministre de l’Environnement (2001-2002)
Profil
Même s’il n’a plus de mandat électif, Yves Cochet reste encore une voix influente de l’aile radicale d’EELV, n’hésitant pas à défendre publiquement une politique de «décroissance prospère» et à dénoncer la croissance démographique. En janvier 2019, il affirmait encore que démographiquement, «il faut arrêter de se multiplier, de “remplir la Terre”. Elle est déjà pleine». Il qualifie sa pensée d’«alarmiste voire de catastrophiste» mais «pas fataliste». En 2017, il explique ainsi : «Jadis, inspirés par le rapport Meadows ou les écrits de Bernard Charbonneau, René Dumont et André Gorz, nous connaissions les principales causes de la dégradation de la vie sur Terre et aurions pu, à cette époque et à l’échelle internationale, réorienter les politiques publiques vers la soutenabilité. Mais il est impossible d’imposer une économie de guerre avant la guerre. Aujourd’hui, il est trop tard, l’effondrement est imminent.» Et de proposer «d’arrêter au plus tôt la fabrication de voitures (thermiques ou électriques) pour confectionner des foultitudes d’attelages robustes susceptibles d’être tractés par des chevaux, ainsi que des millions de vélos qui peuvent durer longtemps».
Son discours, cependant, est sans doute moins radical que sa pensée, car comme il l’explique : «Moi, je fais de la politique depuis des décennies et donc j’essaye d’aller le plus loin possible dans ce qui est écoutable, sans que je sois disqualifié.» Yves Cochet est convaincu d’un changement radical du fait du «pic pétrolier», affirmant en 2007 : «Nous nous sommes habitués à des prix extrêmement bas entretenus par les multinationales du pétrole, puis par l’OPEP. Cette époque est révolue. Désormais, les prix du pétrole – et ceux de toutes les énergies — seront toujours à la hausse.»
En conséquence, il prône la décroissance et propose «une politique de rigueur, bien au-delà de ce que raconte Fillon et Sarkozy» : «D’abord, pour les plus riches, c’est les 20% de Français les plus riches qui doivent se serrer la ceinture.» Partant du postulat de l’épuisement des ressources, il propose également un système de rationnement par personne : «Tu es une personne, tu as droit à un quota ; tu es une autre personne qui gagne dix fois plus, tu as le même quota. C’est pas parce que tu es riche que tu peux acheter plus.» Dans la même logique, il estime que «cela ne sert absolument à rien de faire des énergies renouvelables» : «On ne s’en tirera pas comme ça, car les énergies sont renouvelables mais les convertisseurs d’énergie ne le sont pas. (…) Il faut tout baser (…) sur la sobriété et sur la réduction drastique, rapide, de l’empreinte écologique des riches. Cela veut dire, dans les 10 ans qui viennent, diviser par 10.» Yves Cochet dit préférer la «locavora- cité» au biologique, c’est-à-dire qu’il propose «de ne consommer que des produits qui viennent de moins de 500 km de chez vous», c’est-à-dire bannir «tout ce qui vient d’au-delà des mers» (chocolat, café, ananas, bananes, thé, poivre, etc.)
Quant à la question démographique, il se revendique comme néo-malthusien. Yves Cochet a même défrayé en avril 2009 la chronique en suggérant de faire voter une directive baptisée «grève du troisième ventre» qui inverserait l’échelle des prestations familiales, justifiée, selon les calculs de l’élu écologiste, par le fait qu’un enfant européen aurait «un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York». Il considère même qu’il «faudrait dépeupler l’Ile-de-France : on est 12 millions en Ile-de-France, c’est intenable.» En 2019, il précise: «Lorsque l’on assume d’être “néomalthusien”, on est vite accusé de racisme ou d’élitisme. Je précise donc que je ne vise pas les pays les plus pauvres, qui font plus d’enfants que les autres. Au contraire. Les pays riches sont les premiers à devoir décroître démographiquement. Ce sont eux qui ont le mode de vie le plus polluant. Par ailleurs, limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes.»
Son franc-parler et sa radicalité ne l’empêchent pas d’avoir une approche pragmatique en soutenant par exemple Nicolas Hulot en 2011 lors de la primaire d’EELV pour la présidentielle. Il a un jugement critique à l’égard de son propre parti EELV, déclarant en 2014 : «Nous en sommes encore à la phase post-adolescente. Depuis une quinzaine d’années nous avons goûté aux institutions. Nous voyons beaucoup d’imitations de comment font les grands pour avoir des postes et de l’influence. Et par imitation, nous avons récupéré le pire de la politique – le calcul, les carrières, les divisions, le manque de fond.» Et il ajoute : «Personne ne fait rêver à EELV.»
Parcours
Né le 15 février 1946 à Rennes (Ille-et-Vilaine), Yves Cochet poursuit des études de mathématiques à la faculté de Rennes, où il sera président de l’Unef-Sciences. En 1969, il devient enseignant-chercheur à l’INSA de Rennes. Dans les années 1970, les luttes antinucléaires sont pour lui l’occasion d’adhérer à deux associations environnementalistes bretonnes : Bretagne vivante et Eau et Rivières de Bretagne. En 1973, il entre aux Amis de la Terre, dont il fonde le groupe rennais en 1977. Il participe ensuite activement à la candidature de Brice Lalonde à l’élection présidentielle de 1981. En 1984, il fait partie des fondateurs des Verts, dont il est membre du CNIR (Conseil national inter régional). De 1984 à 1986, il est porte-parole des Verts, ainsi que de décembre 1992 à juin 1997. Il est élu conseiller municipal de Rennes en 1989 puis, la même année, député européen. Il est élu député du Val-d’Oise en 1997 et devient vice-président de l’Assemblée nationale. En 2001, il signe la mise en accusation de Jacques Chirac initiée par Arnaud Montebourg puis retire sa signature en expliquant qu’elle pourrait empêcher sa nomination comme ministre par le président de la République. Entre juin 2001 et mai 2002, il est ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire du gouvernement de Lionel Jospin. En octobre 2001, il crée avec le ministre chargé de l’agriculture Jean Glavany, l’Agence Bio. En 2006, il est candidat à l’investiture pour représenter les Verts à l’élection présidentielle française de 2007, mais est devancé par Dominique Voynet. Il dénonce «quelques tricheries» et affirme que Voynet a été «soutenue par quelques corrompus». En juin 2002, il devient député de la 11e circonscription de Paris. En 2009, avec une dizaine d’autres responsables écologistes, il se met en «grève de la viande» durant le Sommet de Copenhague (2009) pour faire reconnaître de l’impact de la viande sur l’environnement. En 2011, il soutient la candidature de Nicolas Hulot pour la primaire écologiste en vue de la présidentielle. Après la campagne, il considère que «Eva Joly n’a jamais réussi à convaincre les Français qu’elle était une écolo authentique». Il devient président de l’Institut Momentum, qui vise à «réunir des contributions sur les thèmes de la transition, de la décroissance, de la résilience». En décembre 2011, il est élu par l’Assemblée nationale représentant français au Parlement européen, dans le cadre de l’augmentation du nombre de députés européens prévue par le traité de Lisbonne. Son mandat européen s’est arrêté en juin 2014. En 2016, il soutient Karima Delli pour la primaire de l’écologie en 2016.
Bibliographie
- Sauver la Terre (avec Agnès Sinaï), éd. Fayard, 2003.
- Pétrole apocalypse, éd. Fayard, 2005.
- Antimanuel d’écologie, éd. Bréal, 2009.
- Où va le monde ?, avec Jean-Pierre Dupuy, Susan George et Serge Latouche, Mille et une nuits, 2012.